Écouter parler Abdellah Baïda c’est avoir la grande occasion d’assister à la naissance d’un tableau. En effet, on dirait de lui que mieux que parler il « dessine » le discours, donnant aux mots, pour un instant, l’essence créatrice des couleurs. Parfois on dirait qu’il s’éloigne de l’endroit où se déroule la conférence et, se réfugie dans son monde, laisse glisser les mots, qui prennent chacun sa place précise dans ce tableau sous le regard attentif du crayon, transformé par une petite heure en pinceau…
Le 26 janvier 2011, Abdellah Baïda est retourné à notre École d’Aranjuez (Espagne) pour partager avec ses étudiants sa vision de l’évolution littéraire marocaine.
Assis d’une calme et d’une sérénité contagieuse il a commencé son « Parcours littéraire» par la « Littérature marocaine et le poids de la réalité ». Il a bien laissé dans nos oreilles deux ou trois principes pleins de signification avec cette douceur et cette manière qu’il a au moment de parler :
- « La littérature c’est un chemin pour assimiler la diversité méditerranéenne »
- « L’identité n’est pas immuable mais une construction, un concept abstrait qui s’enrichit tout le long d’une vie »
Sa vie, avoue-t-il, est pleine d’une joie qui a surgi de l’intérêt pour les littératures, en pluriel, pas une seule, car elles représentent toutes des efforts pour trouver, à travers les mots, la beauté, l’art, le sens artistique de la vie. Pour lui, cette composante esthétique, ce règne de la forme, c’est la vraie matière de la littérature.
Les écrivains parlent de la réalité d’une façon tout à fait différente à celle des journalistes. Ils recouvrent cette réalité d’une patine créatrice qui éloigne le roman du genre documentaire.
Il nous a annoncé la prochaine publication de son dernier livre, « Au Fil des livres, chroniques de littérature marocaine de langue française » (2011) qui va être publié dans quelques jours, un parcours sur la littérature marocaine à travers l’analyse de 29 livres.
Il conclut qu’il y a une forte présence de la réalité dans cette littérature. Ces écrivains parlent des problèmes d’actualité quotidienne, une actualité qui occupe et préoccupe.
Cette littérature marocaine d’expression française a une histoire de seulement 60 ans, depuis l’indépendance du Maroc en 1956, ce qui lui donne le visage changeante de la jeunesse mais aussi la fraicheur de l’immédiat.
Après son étude, il a résumé les thématiques qui ont préoccupé ces écrivains en 6 catégories:
- L’enfance saccagée
- L’ombre des « Années de plomb »
- La situation de la femme
- L’intégrisme, l’islamisme, l’Islam politique
- L’immigration
- Les écrits de la maturité
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